II. PLAN DE TRAVAIL
Le plan de travail qui suit entend à la fois préciser
un certain nombre de questions d'ordre méthodologique et
donner à voir les différentes étapes autour
desquelles s'organisera la recherche, d'une durée de 36
mois. On y trouvera également des informations sur la
répartition des ressources et sur la composition de l'équipe
responsable de la recherche.
1.
Méthodologie
La méthode choisie pour mener à bien cette comparaison
dans l'espace est celle de l'approche comparative par cas
(1) qui se fonde sur l'étude d'un nombre
relativement limité de cas - en l'occurrence sept pays,
et dans chacun d'eux, une dizaine de villes dans trois
régions. Une telle démarche entend tenir compte
de facteurs variés (politiques, économiques, mais
aussi historiques et culturels) qui déterminent les changements
à l'échelle locale aussi bien que le partage sexué
des responsabilités ou l'articulation entre les divers niveaux
de pouvoir.
Les disparités existant entre les sept pays considérés
en ce qui concerne la participation des femmes aux centres de décision,
notamment au niveau local, permettra difficilement de construire
un échantillon homogène offrant des garanties de comparabilité
à l'échelle internationale. C'est la raison pour laquelle
l'enquête - qui constituera la deuxième phase de
notre travail - aura prioritairement une dimension qualitative,
de façon à repérer le contenu des politiques
et leur impact quant aux déplacements des rapports de genre,
en lien avec le profil sexué du pouvoir local.
L'investigation sera centrée sur la dimension urbaine,
étant entendu que la gestion des communes rurales pose des
problèmes souvent fort différents de ceux qui se présentent
dans les villes - même de taille modeste. En outre, comme
le montrent divers travaux, l'existence de mouvements ou de groupes
de femmes dans les villes moyennes ou grandes, et leurs rapports
avec les élu(e)s locaux a des incidences certaines sur la
gestion des affaires de la cité. On opérera par ailleurs
une série de choix concernant les axes d'investigations retenus
pour la recherche. L'enquête sera menée dans une
dizaine de villes de taille et de structure socio-économique
analogue dans chacun des sept pays. Elle s'articulera autour
de trois phases principales, le première étant subdivisée
en deux étapes distinctes.
2.
Déroulement de la recherche
Phase 1 - Accumulation de connaissances
La première phase (workpackage) durera un an (ler au 12e
mois) et comprendra deux étapes (A et B).
Etape A :
Au cours de la première étape de cette première
phase, on analysera les informations existantes sur la place des
femmes dans les instances politiques locales et sur les conséquences
de leur participation à la gestion du pouvoir local.
Chaque pays établira, à partir des diverses sources
à sa disposition, un document en plusieurs points
qui comprendra :
- Une bibliographie commentée des travaux portant
sur l'articulation entre genre et politique, en particulier au niveau
local. Ce travail opérera une mise à plat des connaissances
sur diverses questions : répartition hommes/femmes aux différents
niveaux de responsabilités municipales ; répartition
des champs d'action en fonction du sexe des élus ; résultats
des sondages touchant les représentations des administrés
sur les élus locaux ; rôle du maire, etc.
- Un recueil d'informations visant à mettre au jour
des données de type historique et quantitatif sur la situation
prévalant dans chacun des sept pays. Il portera sur plusieurs
dimensions :
- institutionnelle (système législatif et modes d'élection)
(2) ;
- socio-économique (concernant les rapports de genre) (3)
;
- politique (systèmes partidaires, répartition des
responsabilités entre les sexes, poids de la sphère
politique informelle (4).
· Une synthèse résultant de pré-entretiens
exploratoires menés auprès de maires et d'adjoint(e)s
aux maires pour repérer les lignes directrices des changements
opérés dans la gouvernance (notamment en matière
de politiques territoriales), ainsi qu'auprès d'autres acteurs
de la politique locale (responsables d'associations, fonctionnaires
administratifs, administrés...).
Un premier séminaire (T 2), destiné aux seuls
partenaires, aura lieu au tout début de la recherche, pour
définir le déroulement et le contenu des travaux.
Etape B :
Sur la base des documents produits par chaque équipe nationale,
et en s'appuyant notamment sur les résultats des pré-entretiens,
on procédera à une analyse comparative entre les
sept pays. Ce travail nous conduira à :
- formuler des hypothèses sur les conséquences
de la présence des femmes dans la gestion du pouvoir territorial
et la nature des changements opérés ;
- définir les critères de sélection
des villes et des personnes-types à retenir pour l'enquête
- sélectionner, pour chacune des trois régions
choisies (ou fraction territoriale similaire), au minimum trois
villes de tailles variées (grande, moyenne, petite),
dont le nombre d'habitants sera déterminé en fonction
du type d'habitat propre à chaque pays (5).
Les informations recueillies dans le cadre de la première
étape seront discutées lors du deuxième
séminaire (T 11) - ouvert aux acteurs locaux et aux personnes
intéressées par la recherche (tout comme les quatre
séminaire suivants). Elles serviront de soubassement au travail
consistant à préciser le cadre général
de l'enquête et à élaborer le guide d'entretien.
L'ensemble de ces éléments formera la trame du premier
rapport intermédiaire.
Le rapport à six mois portera sur la mise en oeuvre
de la recherche et sur le travail accompli pour l'établissement
de la bibliographie
Le rapport à douze mois portera sur l'ensemble des
éléments recueillis au cours de deux étapes
de cette première phase de la recherche.
Phase
2 - Passation et analyse des entretiens
La deuxième phase, la plus longue, durera un an et demi (13e
au 30e mois). Elle sera centrée sur l'enquête qualitative
- avec la passation, le décryptage et l'analyse des entretiens
approfondis. Les objectifs suivants seront au coeur de l'enquête
:
· Evaluer si les politiques en vigueur sont porteuses de
changements dans la gestion du social ; si elles incitent les femmes
à s'investir dans l'activité politique, notamment
en tenant compte des demandes sociales le plus souvent exprimées
hors du champ politique classique.
· Etudier les décisions du Conseil municipal ainsi
que le contenu des législations et des éventuelles
mesures d' " action positive " en direction des femmes.
· Examiner le poids de la sphère associative et les
interactions entre les politiques adoptées et les sujets
agissants, ainsi qu'entre les acteurs eux-mêmes.
· Repérer, dans une optique de genre, les effets des
changements intervenus sur le plan territorial.
Cette seconde phase de la recherche reposera sur des entretiens
approfondis (une centaine dans chaque pays), avec des acteurs locaux
de profils variés - élu(e)s, responsables politiques,
administratifs, syndicaux, associatifs... en rapport avec les objectifs
énoncés plus haut.
Un troisième séminaire, (T 17), à mi-parcours
de cette seconde phase, permettra de faire le point sur les informations
recueillies et, si nécessaire, de recadrer la suite des entretiens.
Les partenaires de chaque pays produiront ensuite une synthèse
écrite, présentée à l'occasion du quatrième
séminaire (T 29), ce qui permettra d'avoir une vision
comparative.
Des articles dans la presse scientifique nationale rendront compte
des conclusions dégagées à ce stade. Une première
version d'une banque de données des pratiques et politiques
innovantes fera état des exemples de politiques dynamiques
relevés au cours de l'enquête. Ce travail servira ultérieurement
à la publication d'un Guide pour les futur(e)s maires.
Le rapport à dix-huit mois fera le point sur les problèmes
rencontrés pour le mise en oeuvre de l'enquête. Le
rapport à vingt-quatre mois présentera de premiers
éléments de synthèse ressortant de l'enquête.
Le rapport à trente mois consistera en une note sur
l'avancement des travaux en vue de la rédaction du rapport
final.
Phase
3 - Rédaction du rapport final de recherche et autres publications
La troisième phase, qui durera six mois, sera consacrée
à l'élaboration du rapport de recherche (31e
au 36e mois). On y confrontera les diverses données et expériences
ressortant des sept pays retenus pour faire émerger l'ampleur
éventuelle des changements intervenus en matière de
politiques locales ainsi que la détermination des élu(e)s
à prendre en compte la dimension du genre dans la gouvernance.
Et ce, en tenant compte du poids de l'histoire, des spécificités
sociales et culturelles : les sept pays appartiennent aussi bien
à l'Europe du Nord qu'à l'Europe du Sud, l'inscription
des femmes dans l'univers politique y varie fortement, et ils ont
adopté des orientations disparates en matière de politique
sociale et territoriale.
C'est à partir de cette comparaison transversale qu'on
tentera une théorisation des transformations repérées
dans le cours de l'enquête et que sera rédigé
le rapport final de recherche. Tous les partenaires prendront part,
d'une façon ou d'une autre, à la rédaction
de ce dernier. Cette ultime phase sera ponctuée par un
cinquième séminaire (T 34) permettant d'établir
un bilan provisoire de la recherche et d'homogénéiser
les points de vue des membres des sept équipes nationales
face aux problèmes théoriques et méthodologiques
qui ne manqueront pas de surgir à ce stade.
Un sixième séminaire (T 36) sera organisé
pour discuter du rapport final de recherche ainsi que de la banque
de données sur la base de la quelle sera publié le
Guide pour les futur(e)s maires. Le rapport final sera remis
deux mois après la fin de la recherche.
Enfin, on prévoit, quelques mois après le terme des
travaux, d'organiser, dans l'un des pays partenaires, une conférence
largement ouverte à la communauté scientifique et
aux collectivités territoriales intéressées,
qui clôturera cette recherche et permettra de diffuser et
de valoriser les résultats qui en émaneront.
Concernant
le déroulement des travaux (workpackages), le calendrier
des séminaires, ainsi que les produits de la recherche (delivrables),
voir les tableaux en annexe.
3.
Allocations des ressources
Les personnes participant à ce projet de recherche sont toutes
fortement investies dans leurs institutions académiques respectives.
Elles peuvent toutes s'appuyer sur leurs laboratoires de rattachement
pour y trouver les ressources nécessaires, tant du point
vue des collaborations scientifiques, que de l'appui indispensable
de la part de l'administration.
La coordinatrice disposera du soutien de l'équipe du GEDISST.
Sur le plan scientifique, elle pourra compter sur
la collaboration d'une ingénieure d'études de
l'équipe ainsi que d'une doctorante embauchée sur
trois ans pour l'assister dans la coordination de la recherche.
Sur le plan administratif et technique, elle
s'appuiera sur la collaboration du Service de la coopération
de la Délégation Paris A du CNRS pour tout ce qui
a trait à la gestion financière du projet et sur une
collaboratrice embauchée pour assurer la gestion administrative
du projet (6 mois/personne pour les 3 ans). Elle pourra recourir
à l'infrastructure mise à disposition par l'IRESCO
(Institut de recherche sur les sociétés contemporaines),
où le GEDISST est domicilié. Elle y dispose d'un bureau
et de tous les moyens de communication nécessaires. Les réunions
de travail devant se tenir à Paris pourront avoir lieu à
l'Institut.
Le budget alloué par le Commission européenne
servira pour l'essentiel à :
- payer des vacations aux collaborateurs (étudiants
ou chercheurs sur contrat) qui : contribueront à la réalisation
de l'enquête (passation des interviews, décryptages,
etc.) ; traduiront le Guide pour les futur(e)s maires (6)
; et assureront la gestion liée à la coordination
administrative du projet (Personnel Costs : 560.519 euros) ;
- financer les frais de déplacements et de mission
: il s'agit d'un poste assez lourd en raison des six séminaires
réunissant les partenaires internationaux ; de frais encourus
à l'échelle nationale pour réaliser l'enquête
dans trois régions différentes de chaque pays ; et
de déplacements relatifs à la coordination du projet
(Travel and Subsistence :167.587 euros) ;
- payer les frais de documentation qui constituent un élément
très important pour le développement de la recherche
et représentent une part imporante du poste consumables -
lesquels incluent également l'achat de cassettes, etc. (Consumables
: 28.924 euros)
- acquérir des équipements durables (ordinateurs
et imprimantes) lorsque nécessaire (Durable Equipment : 27444)
;
Les partenaires s'efforceront par ailleurs de trouver des fonds
complémentaires pour financer la conférence publique
prévue en fin de recherche (en s'adressant, notamment, à
des instances telles que le Conseil de l'Europe, à des organismes
nationaux ou régionaux susceptibles de la sponsoriser) (7).
Un apport financier complémentaires permettrait en outre
de rétribuer, ne serait-ce que de façon minime, les
étudiants qui contribueront à l'enquête dans
les régions - ce que le budget, en l'état, ne permet
pas de faire.
4. Equipe de recherche
Les partenaires responsables de ce projet ont toutes une longue
pratique de coopération internationale dans le domaine
de la recherche et, plus particulièrement, de collaboration
entre elles.
L'équipe chargée de mener à bien cette recherche
est composée des personnes suivantes (8)
:
Coordinatrice :
1. Jacqueline Heinen. Professeure Sociologie. Université
de Franche-Comté / IEP- Paris. CNRS. France.
Partenaires :
2. Françoise Gaspard. Maîtresse de conférences
de Sociologie. Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales (EHESS).
France.
* Mariette Sineau. Directrice de recherche au CNRS. Fondation nationale
des Sciences politiques. France.
3. Bérengère Marques-Pereira. Professeure de Science
politique. Université Libre de Bruxelles. Belgique.
* Eliane Gubin. Professeure d'Histoire. Université Libre
de Bruxelles. Belgique.
4. Eeva Raevaara. Politologue. Chercheuse. Université de
Helsinki. Finlande.
* Anne Maria Holli. Politologue. Chercheuse. Université de
Helsinki. Finlande.
5. Maria Pantelidou Maloutas. Professeure associée de Science
politique. Université d'Athènes. Grèce.
6. Alisa Del Re. Professeure de Science politique. Université
de Padoue. Italie.
7. Anne Cova. Professeure associée d'Histoire politique et
sociale contemporaine. Université Aberta de Lisbonne. Portugal.
8. Kjell Östberg. Professeur associé d'Histoire. Institut
d'histoire du temps présent. Stockholm. Suède.
* Elisabeth Elgan. Docteure en histoire. Institut d'histoire du
temps présent. Stockholm. Suède.
Chacune des équipes nationales s'appuiera sur un certain
nombre de collaborateurs et collaboratrices - prédoc, postdoc,
chercheur(e)s - chargé(e)s de mener à bien cette recherche,
en particulier dans les diverses régions ou localités
où elle sera mise en oeuvre.
notes :
1. Pour une analyse des démarches
très variées dans le champ de la comparaison internationale,
voir en particulier Tilly (1984) et Kriesi (1994).
2. Date de l'instauration du suffrage 'universel'
et du suffrage féminin ; nature de l'Etat (centralisé
ou non) ; articulation des structures nation/région/local
; structure urbaine ; types de découpages ; type de scrutin
; cumul des mandats ; mode de désignation des exécutifs
locaux (quotas ?) ; mode de sélection des candidats (quotas
?) ; description du système électoral au niveau local
: mode d'élection (ou de désignation) du maire, de
l'exécutif et du conseil municipal, etc.
3. Taux de fécondité ; niveau
de diplôme par genre et âge ; taux d'activité
par sexe ; dimension sexuée du travail à temps partiel
(et d'autres formes d'emploi spécifiques), etc.
4. Structures et poids des partis (systèmes
partidaires) ; formes de participation électorale (importance
du phénomène d'abstention) ; type de responsabilités
prises en charge par les femmes élues ou nommées ;
influence des mouvements féminins/féministes sur la
vie politique et le processus électoral, etc.
5. Le choix des localités obéira
à différents critères : présence d'une
femme au poste de maire ; proportion de femmes élues (ou
nommées) dans l'exécutif et dans le conseil municipal
; adoption par le conseil de politiques s'adressant aux femmes et/ou
facilitant la prise en compte de la dimension de genre ; existence
d'une pression sociale en provenance d'associations ou de mouvements
de femmes ayant un ancrage local de longue date, pour que de telles
politiques soient adoptées.
6. Après examen, compte tenu du fait
que le CNRS ne dispose pas d'un service de traductions et que les
montants requis par des traducteurs indépendants est extrêmement
élevé (38 à 46 euros la page, hors taxe), une
somme de 7000 euros a été imputée sur le budget
de la coordinatrice au chapitre des coûts de personnel (la
troisième année), pour faire faire cette traduction
par un ou des étudiants, sur vacations. Cette somme permettra
d'assurer au minimum la traduction du Guide en anglais, et éventuellement
- selon le nombre de pages - dans une autre langue restant à
déterminer.
7. Dans un pays comme la France, ce pourrait
l'Association des Maires de France ou l'Association des Régions
de France, par exemple.
8. L'équipe scientifique (coordinatrice
et partenaires) se compose en tout de douze personnes. Toutefois,
pour des raisons liées aux règles administratives
(gestion du budget dans chacun des pays concernés) , huit
d'entre elles seulement se sont vu attribuer un numéro.
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