Bibliographie

Bourdieu Pierre (1998). La domination masculine, Paris, Seuil.

La pérennité de la domination masculine est un travail sans cesse renouvelé qui met en œuvre tout un ensemble de mécanismes individuels et collectifs bloquant les hommes et les femmes dans des rôles prédéterminés de dominants et de dominées. Dans le processus de socialisation, l'homme et la femme apprennent dès l'enfance à se différencier. Il en résulte des domaines réservés qui cloisonnent encore de nos jours les sphères masculines et féminines, plus particulièrement dans le travail avec une division des tâches rigoureuse, le public étant masculin et le privé féminin. Ce mécanisme impliquant une domination des femmes obéit à de multiples composantes, dont " l'impuissance apprise ", qui entraînent une autocensure des femmes et leur conformité à l'attente des hommes. Mais ce système ne se perpétuerait pas sans un travail permanent des institutions que sont l'Eglise, la famille, l'école et l'Etat, tous unis et oeuvrant dans le même sens pour que soit maintenue cette domination. Le cheminement individuel vers l'émancipation est donc insuffisant si ces institutions ne se réforment pas parallèlement. Ce n'est qu'à cette condition que peuvent se réinventer les relations entre les hommes et les femmes, car tous deux sont en fait des victimes : les femmes classiquement, parce que dominées, les hommes, parce qu'assujettis à une virilité qui n'est pas nécessairement bien vécue.

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